Yémen
Ca faisait un moment que j'en rêvais, et voilà c'est fait! Je reviens tout juste du Yémen avec une amie d'Abu Dhabi :)
La vieille ville de Sana'a
C'est pour des paysages comme ceux-ci que je voulais y aller et je n'ai pas regretté... Car non seulement nous n'avons jamais eu la sensation d'être en danger, mais en plus nous avons découvert une population plutôt accueillante. Les enfants en particulier sont vraiment très curieux et drôles et viennent réclamer qu'on les prenne en photo pour le plaisir de se voir et de se montrer aux copains ensuite sur l'écran de l'appareil...
donc où que l'on aille, on a une escorte d'enfants autour de soi, qui sont fiers de montrer leur connaissances en anglais: "Welcome to Yémen", "What's your name", "Where are you from", etc... , demandent des stylos, des sucreries, une photo, un peu d'argent, mais sans jamais trop insister. Dans certains villages très touristiques, on est surpris de tomber sur des enfants qui parlent plusieurs langues, enfin... qui maîtrisent les explications touristiques et le vocabulaire du marchandage en 5 ou 6 langues!!
Les souqs de Sana'a sont l'occasion d'acheter à n'en plus finir: des djambeyas (poignards traditionnels), des fruits secs, du miel (très connu au Yémen), des bijoux (les agathes sont les pierres locales typiques), des tissus, des tapis, et du qat bien entendu!!
Pour les non initiés, le qat est une herbe qui se mâche, et qui est considéré par la plupart des pays musulmans comme une drogue, et en conséquence interdite. Mais ici, c'est une tradition profondément implantée et à partir d'une certaine heure, on voit tous les hommes mâcher paresseusement leur qat, la joue gauche gonflée démesurément. C'est une vraie plaie nationale, car cette pratique "épuise" l'argent, l'energie de la population ainsi que les ressources en eau du pays, qui sont loin d'être suffisantes.
A notre niveau de touriste, le plus choquant est de voir les chauffeurs de bus et de taxi consommer du qat, et nous en postillonner du qat à la figure en conduisant comme des fous furieux entre les brouettes, les moutons, les enfants... et bien sûr les mobilettes capables de transporter toute une famille de 5 personnes, bébé inclus, et avec une chèvre en période d'Eid!!!
Le rock palace, ancien palais de l'imam, un des monuments les plus connus du Yémen.
C'est un monde à part, vous l'aurez compris... passé l'émerveillement devant l'architecture traditionnelle en pisé de la vieille ville de Sana'a et la beauté des paysages de montagne aux alentours, on ne peut s'empêcher d'être choqué de la pauvreté de la population et la tragédie du qat. On ne voit plus seulement le sourire des enfants mais aussi le fait qu'ils jouent dans la poussière et les ordures. De ce côté là, ça m'a rappelé un peu certains villages ruraux du Sud de la Chine; sauf que la Chine possède aussi Pékin, et Shanghai et que le développement est en marche (espérons que ça ne sera pas trop compromis par la crise actuelle) tandis qu'on se demande ce qui pourrait provoquer un changement au Yémen...
Mais dans tous les cas, ce voyage m'aura un peu rassuré vis à vis de la psychose collective actuelle sur le fondamentalisme et le terrorisme arabe. On ne peut nier qu'il y a du terrorisme au Yémen, ni qu'il y a des enlèvements. Mais c'est le fait d'une frange très marginale de la population; la majorité des yéménites est plutôt accueillante et sait apprécier les touristes comme un facteur de développement de leur économie.
J'imagine que les américains ne sont probablement pas aussi bien accueillis étant donné le ressentiment global envers eux dans les pays arabes, mais en tout cas pour des touristes d'autres nationalités respectueux de la culture et des traditions yéménites, et ne prenant pas de risque au niveau de la destination, il y a de mon point de vue pas de danger insurmontable à aller au Yémen. A mon avis, on a plus de risque d'avoir un accident en taxi à Sana'a que de se faire kidnapper!
Voici quelques photos de ce magnifique pays à l'histoire complexe et marquée par les guerres, révolutions et soulèvements...